C’est une histoire singulière. Celle du fond d’une société privée déposé aux Archives départementales de Loire-Atlantique.  Une menuiserie, Mottais Frères. 
Les nombreux documents de ce fond, aujourd’hui valorisés par le travail archivistique, dévoilent une aventure unique. L’univers de la construction navale. Mais pas tout à fait sur les chantiers de Saint-Nazaire ou de Nantes. Nous sommes chez un assemblier. Un designer naval du siècle dernier, chargé des aménagements intérieurs des géants des mers, du transatlantique au navire de guerre. 
Nous sommes à Tabago. Dans l’usine où l’on conçoit, on prépare, on invente, on fabrique meubles et décors qui viendront orner cabines, fumoirs et autres salles de sport. Là, à Saint-Nicolas-de-Redon, s’écrit une partie de l’histoire navale et s’inventent des aménagements qui vont faire le tour du monde. Nous sommes en marge, dans une des nombreuses sociétés qui ont contribué, souvent dans l’ombre, à la grande odyssée des bâtisseurs de navires. Ce qui prend tout son sens dans ce département profondément attaché à sa dimension maritime. 

 

UNE USINE PAS COMME LES AUTRES

 

Nous avons choisi de privilégier un lieu spécifique : les ateliers de Mottais Frères. Pourquoi ? Parce qu’ils sont les lieux de l’activité. Les lieux qui ont produit les documents. Et qui les animent. Des lieux de vie. Et les mobiliers évoquent ce travail, entre établis et tables de conception. Ici, on prépare l’aménagement des géants des mers. Ces géants, civils comme militaires, on les voit en photographie sur les hauteurs. Ils dominent l’atelier et sont l’aboutissement de tous les documents d’archives disposés sur les meubles.

On suit véritablement tout le processus de fabrication : du document technique à la réalisation des navires. On se demande ou sont passés les dessinateurs, les concepteurs, les ouvriers qui animent d’ordinaire les lieux... Leurs chaises sont encore là...

 

UN MOBILIER DE REFERENCE

 

Les meubles de l’exposition tirent leur forme de plusieurs références. A la fois tables de conception, d’architecte, mobilier d’usine à pan incliné...soutenus par des piétements rappelant des tréteaux de menuisier. Ils sont un mélange de formes des années 1930 et 1970, périodes de fonctionnement des ateliers Mottais. On y devine la dynamique du paquebot dans les courbes et les rebords. Ils sont munis d’un éclairage en partie haute. Ce dernier rappelle les lampadaires industriels. Incliné, il illumine la table et dessine en même temps la base d’un grand hangar : l’un pour les transatlantiques, l’autre pour les navires de guerre...
Plusieurs agencements sont prévus, en fonction des documents. Des doubles pans coupés, des fonds plats pour les maquettes...Enfin, le bois nous a semblé être l’élément à mettre en avant. Il est à la base du travail des ateliers.